Bateaux Gil : les commandes spéciales Textes & photos : Philippe Guillotel Si les journées de Gilbert Dutrou sont déjà bien remplies par la fabrication de ses nombreuses vedettes civiles et militaires, il trouvera le temps de satisfaire des commandes spéciales destinées à des amateurs. Ce seront des bateaux de pêche, des bateaux fonctionnant à la vapeur vive et même le cuirassé Le Richelieu, long de plus d’un mètre. Repères Gilbert Dutrou est né en 1913. A l’âge de 18 ans il entra à école de formation Citroën et en sortira âgé de 22 ans et deviendra agent de maîtrise. Son service militaire, la guerre et la captivité le maintiendront hors de la vie civile durant 7 années. A son retour, le poste qui lui était destiné est occupé. Il démissionne et s’installe à son compte comme artisan en 1947. Il fabriquera des vedettes en tôle, jouets de garçon, jusqu’en 1978. Il travaillera toujours seul, sauf, parfois, aidé de par son épouse. 16 - Bateaux - Jouets de collection nº13 (2 e Partie) A gauche : C’est le premier chalutier conçu par Gilbert Dutrou. Il porte l’immatriculation S 510, qui est celle des Sables-d’Olonne. Ce bateau doit être un « pêche tout », car il est équipé de tangons pour la pêche au thon, des hampes de repérage avec fanions pour les casiers à crustacés, et à la poupe, la barre pour le chalut. Très belle finition, écoutilles, béquilles et 2 bouteilles de gaz. Archives G. Dutrou. Ci-dessous : Prototype de thonier, immatriculé aux Sables-d’Olonne. La coque est faite de feuilles de cuivre soudées. Son nom « Kifenlo », assez fantaisiste, est peint sur le tableau arrière. L 64 x l 19 x H 59 cm. Collection particulière. Portrait de GIL Lors de notre première rencontre, en février 2006, ce qui me frappa chez Gilbert Dutrou, c’est la rectitude de son maintien corporel, chez un homme âgé de 92 ans. La structure ronde de son visage était accentuée par la rareté de ses cheveux. Cela créait une parfaite concordance de rondeurs. Pas des rondeurs molles, mais des rondeurs de gentillesse. Ses yeux bleu clair, presque atones renforçaient cette impression de calme qui émanait de sa personne. A la question « avez-vous été heureux et fier du métier que vous avez choisi », sa réponse a été « oui, j’ai fait tout ce que j’ai voulu dans ma vie » « Quel a été votre meilleur souvenir ? » « Tous… » Il n’y a sans doute que peu de personnes qui peuvent donner une réponse aussi absolue. Durant les 31 années de sa vie professionnelle, il a été artisan, au sens noble du terme, qui commence par le mot Art. Il travailla seul, imaginant et réalisant ses vedettes, dans un local de 40 m2, parfois aidé de son épouse. « Honneur et Travail » aurait pu être une devise gravée sur le linteau de la porte de l’atelier |