rait investi d’une mission de sauvetage de l’humanité devant tant d’impudence commerciale, tant d’insouciance aussi. C’est pourquoi les fabricants de jouets ne sont pas plus obligés de décrire, sur les catalogues et les emballages, le contenu exact que l’enfant trouvera à l’intérieur. Il faut pousser l’acheteur à acheter, quitte à laisser ce dernier digérer sa déception. Même les dangers des jouets sont réduits, comme, pour les trains électriques J. de P.à rhéostat des années 1930 dont les décharges électriques, toujours possibles en milieu humide ou toujours certaines quand l’enfant pose la main sur la voie alors que le train roule, sont décrits comme des « picotements ». Et, comme nous l’avons vu dans un « Jouets de Collection » précédent, l’Autoroute LR fait l’apologie du 200 km/h au volant et sur route nationale. 58 - Vieux papiers - Jouets de collection nº10 Les degrés dans l’inexactitude En fait, tous les fabricants ne sont pas égaux dans cette pratique, certains l’ayant même refusée, notamment en Allemagne où il semble que les lois ne permettent pas, dès le XIX e siècle, de s’aventurer trop loin dans le boniment publicitaire ou graphique. En France, il semble que toute latitude ait été laissée aux fabricants de jouets jusque durant les années 1960, et certains en feront bon usage. Par ailleurs, il nous faut distinguer ce qui est une erreur de dessin ou une légère approximation, chose que Hornby a souvent faite sur ses catalogues, et une affabulation complète comme montrer une Pacific 231 sur le couvercle d’un coffret, alors que le train contenu dans la boîte a une locomotive du type 221 ou 040, chose dont Hornby, ici encore, s’est fait le spécialiste. A gauche : Beaucoup de charme pour cette gravure anglaise de 1938, le seul marché en « O » sur lequel Hornby ne fait pas de faute en représentant une 231, puisque la « Princess Elizabeth » est là pour l’honneur. Toutefois il semble que le dessinateur s’est laissé aller à grossir quelque peu le train. En bas à droite : Hornby, sur cette publicité anglaise des dernières années 1920, n’y va pas de main morte pour grossir le train qui semble, ici, être plutôt en écartement de 5 pouces qu’en « O » (ou 1 ¼ pouce). C’est le genre de mystifi cation dont Hornby fera ses habitudes jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Ci-contre à gauche : Ici aussi, l’agrandisseur fou a encore frappé. Nous sommes à la fin des années 1920, sur Meccano Magazine, et il faut promouvoir le « Metropolitan ». Le dessinateur est honnête (ou peu informé sur la motrice électrique réelle) : il a reproduit le jouet tel qu’il est, sur ses 4 roues, alors qu’en réalité c’est une BB, et il aurait pu en profi ter pour améliorer le jouet. De son côté, Hornby fait de son possible, sur le jouet, pour cacher cette absence de bogies par une jupe descendant jusqu’aux rails. Hornby et son symptôme endémique de la « fausse Pacific ». C’est bien une endémie (c’est-à-dire une maladie locale) pour Hornby que celle des fausses Pacific qui fondent toute l’iconographie commerciale de la grande marque - du moins en France car, au Royaume-Uni, il y eut la « Princess Elizabeth » pour sauver l’honneur national de la firme. Lorsque, au début des années 1920, Hornby fait le choix de platines à quatre roues pour ses locomotives, la firme se condamne aux types 020, 220 et 221. Notons qu’en théorie il y a aussi les types 120 et 121, mais que Hornby n’a jamais pratiqués. Jamais, du moins en France, Hornby ne fera le bond nécessaire pour passer à la platine à 6 roues, ce qui lui interdit tout espoir de faire une Pacific, ou, au moins, une 230. Les deux rivaux directs de la firme le feront, en 1926 pour LR et en 1928 pour JEP. C’est un grand malheur pour Hornby à qui la maison mère anglaise refuse, sans doute, cet investissement, et Hornby passera son temps à dessiner des 231 sur ses couvercles de coffrets, mais à mettre des 221, tout au plus, à l’intérieur. Ceci durera jusqu’à l’Etoile du Nord y compris, dont la version verte est dessinée sous la forme d’une Pacific vraie sur le catalogue 1953. En « HO », par contre, Hornby aura un châssis moulé avec trois essieux moteurs, mais la firme ne fera pas de Pacific pour autant, se contentant d’une 131T et d’une 030T. C’était l’histoire d’un beau ratage. |