L’art de le collection Peut-on restaurer un jouet ancien ? textes & illustrations : Louis Chavannes Sans doute quelques collectionneurs seront ils choqués, voire même scandalisés par le titre de cet article ? Leur réponse sera : quel que soit l’état de ces jouets : cabossés, écaillés, rouillés, incomplets, ils doivent rester tels qu’on les a achetés ! D’ailleurs certains penseront que la tentative de transformer une ancienne relique très endommagée en quelque chose qui se rapproche de sa condition originelle est un exercice qui cherche à induire en erreur, à tromper, que c’est une approche complètement fausse du « hobby » du collectionneur, et que l’utilisation d’un pinceau même limitée aurait comme résultat de réduire la valeur de leur « relique ». En fait si l’on veut ouvrir le débat, il faut étudier le point de vue des protagonistes du problème c’est-à-dire le point de vue du vendeur (le marchand), de l’acheteur (le collectionneur) et du restaurateur. Notre étude se limitera volontairement aux problèmes de la restauration des trains anciens, les seuls pour lesquels nous avons une certaine compétence. Le point de vue du vendeur. Le plus souvent, le vendeur préfère vendre un jouet « dans son jus ». On est souvent impressionné par l’insistance de certains vendeurs à mettre l’accent sur la qualité et la valeur d’un jouet très usagé ou incomplet, mais qui n’a subi aucune retouche. 48 - L’art de la collection - Jouets de collection nº10 (1 ère Partie) On pourrait accuser le vendeur de vouloir se défausser en ce qui concerne la responsabilité d’une restauration. En fait le problème n’est pas aussi simple. D’une part le vendeur est obligé de défendre sa réputation en jouant sur l’authenticité et la qualité du jouet qu’il vend et il sait bien que les vrais collectionneurs n’apprécient pas les vendeurs qui proposent sur le marché des jouets « bidouillés ». Mais aussi certains marchands avertis savent que la venue à la collection est motivée souvent par la nostalgie de l’enfance et que le jouet que l’on aurait souhaité avoir est infi niment respectable dans sa forme de jouet usé. On peut même penser que ce collectionneur nostalgique affectionnera moins un jouet neuf ou remis à l’état d’origine qu’un jouet qui a vécu. En fait, dans la réalité, presque tous les marchands ont un réseau de restaurateurs attitrés, chacun ayant sa spécialité (réparations mécaniques, réfection de pièces manquantes, travaux de soudure et de peinture). Interview d’un vendeur. Questions posées à Patrick AYME, spécialiste de la vente des jouets anciens, (également collectionneur passionné), établi au Marché Malassis des Puces de St Ouen, et organisateur du salon Toymania. Question N°1 : Dans quelle mesure peut-on restaurer un jouet ancien ? Réponse : Quand cela est nécessaire. Patrick AYME, spécialiste de la vente des jouets anciens Question N°2 : Une restauration doit-elle se limiter au remplacement des pièces manquantes ou peut-elle être plus importante ? Réponse : Le remplacement des pièces manquantes est nécessaire pour pouvoir « jouer » mais une restauration beaucoup plus importante peut être nécessaire. Question N°3 : Quels sont pour vous les critères qui déterminent la nécessité d’une restauration, la valeur du jouet, sa rareté, son risque de dégradation, ou le plaisir de le restaurer ? Réponse : Tous ces facteurs peuvent intervenir, mais on peut parfaitement désirer restaurer un jouet sans valeur pour le simple plaisir de lui redonner son aspect d’origine. Question N°4 : Le vendeur doit-il annoncer à l’acheteur que le jouet a été restauré même s’il s’agit de petites restaurations ? |