ci-dessus : Les voitures du train géant de Brianne. Le raccourcissement est la seule grande entorse à la réalité. Aménagées intérieurement, éclairées, dotées de portes ouvrantes, ces voitures sont très en avance sur les jouets de leur temps. de celles en teck de la CIWL ou des voitures « à redans » du PLM, ainsi qu’un fourgon PLM à trois essieux accompagnent la locomotive. Ces voitures atteignent presque le mètre en longueur et ont tous les détails qu’un modéliste actuel rêverait de trouver : portières ouvrantes, aménagement intérieur, soufflets, éclairage intérieur. Une gamme de wagon à marchandises est proposée sur le catalogue, ainsi que des accessoires comme un pont métallique long de 1,80m. Les grandes gares de Paris. Si le « Train géant » est bien du modélisme par son exactitude, ces grandes gares parisiennes, en dépit des affirmations du catalogue, sont des jouets qui simplifient à l’extrême les choses et ne reprennent que quelques aspects très caractéristiques des gares réelles qu’ils veulent représenter pour en faciliter l’identification, comme une des deux rosaces de la gare de l’Est, l’horloge de la gare de Lyon, quelques statues de la gare du Nord, ou les deux corps de bâtiment encadrant l’entrée centrale de la gare de la Bastille. Ces gares sont réalisées pour les trains en écartement « I », et principalement de la marque Bing, que Brianne revend en les intégrant dans des coffrets dont il assure la composition en jouant sur les accessoires. Longues d’environ 60 à 70 cm, ces gares sont très rares aujourd’hui, mais peuvent être vues chez quelques collectionneurs ayant eu la main heureuse il y a une quarantaine d’années, quand on en trouvait encore parfois aux Puces. Les tramways de Paris. Brianne s’intéresse, en précurseur du jouet électrique, aux tramways de Paris qui, en ces temps du début du 20 ème siècle, sont à leur apogée, circulant sur un réseau qui atteindra rapidement le millier de kilomètres. Brianne, toutefois, ne fabrique pas de tramways mais les met à l’honneur sur son catalogue et leur consacre quelques pages, notamment le modèle Carette référence 1091 et sa remorque « baladeuse » référence 1040 qui deviennent un « Alma –Etoile » et « genre Thomson-Houston » (sic) circulant sur de la voie Bing en écartement « I » avec rail conducteur central. D’autres versions sont proposées : « Louvre- Vincennes » (rouge) ou « Etoile-Villette » (vert) qui sont des modèles Carette référence 1091 retravaillés par Brianne, tout comme un « Lilas-Opéra » avec perche qui n’est autre que la référence 1046 de Carette assortie de l’omniprésente baladeuse 1040 une fois encore. Les Galeries Lafayette, temple du train-jouet ? Ce grand magasin, situé au cœur du Paris touristique, a une réputation mondiale établie depuis longtemps. Comme les autres grands magasins de Paris, il a, dès sa fondation à la fin du 19 ème siècle, un département de jouets. Mais ces jouets, à l’époque de la création du magasin, sont très pauvres et humbles : des personnages animés, des charrettes ou autres véhicules à chevaux, des trains et des bateaux, le tout tiré de feuilles de fer-blanc estampé et découpé à la presse à main dans des petits ateliers de l’est de Paris. Les mécanismes sont de facture tout aussi dérisoire : élastiques, ou, pour les jouets plus luxueux, un petit moteur à ressort en spirale. Ces jouets sont, généralement, peints à la main avec des vernis à l’alcool donnant une couleur translucide sur le brillant du métal. A partir de 1890 l’importation de jouets allemands, notamment Märklin, créera une nouvelle donne avec de beaux jouets lourds, émaillés en couleurs vives, perfectionnés. Mais ces jouets sont princiers et font plus d’envieux, vu leur prix, que d’enfants comblés… Toutefois ces beaux jouets créent une émulation, et, au début du 20 ème siècle, de grandes firmes françaises vont se constituer comme le Jouet de Paris en 1902, futur JEP, et vont fabriquer des jouets en masse pour les grands magasins. C’est dans cet univers et ce contexte que Louis Brianne expose aux Galeries Lafayette son « Train géant », ceci pour les fêtes de Noël 1905. Pour les Galeries Lafayette, il s’agit d’attirer, par un coup d’éclat publicitaire de génie, une foule nombreuse venue contempler ce train exceptionnel créé pour la circonstance, et qui, ensuite, achètera des trains Jouet de Paris, ou FV, ou encore CR, ou, pourquoi pas, Märklin ou Bing ? 32 - Vieux papiers |