Louis Brianne, précurseur du jouet scientifique. Se présentant, sur ses catalogues, comme « Ingénieur – Constructeur – Electricien », Brianne combine ainsi trois des titres les plus enviés à l’époque, notamment celui d’électricien qui a une aura de mystère et de dompteur d’une force magique et encore peu connue. Brianne croit en l’avenir de l’électricité et il fonde, en 1899, un magasin d’équipements électriques pour les ménages  : cuisinières, appareils de chauffage, et, bien sûr, des jouets. Installé au 2ter du boulevard St-Martin, le magasin Brianne est, en quelque sorte, un temple du progrès et de la modernité, alliant les progrès de la science et les problèmes (résolus) de la vie quotidienne. Mais le département des jouets du magasin « Toutes applications de l’électricité » (sic) est certainement celui qui a le plus de succès médiatique, et Brianne, en tournant le dos aux petits jouets mécaniques de son temps, fait figure de précurseur dans la mesure où il ouvre la voie au modélisme, aux jeux scientifiques, et au développement du goût pour les techniques chez les enfants. gasin est du Märklin, du Bing, du Carette – souvent réarrangé à la manière de Brianne pour donner des éléments de coffrets dans lesquels Brianne dispose quelques unes de ses rares fabrications, comme des gares, des éléments de décor, des pylônes et des fils électriques pour tramways. Ses tramways sont, pour ce qui est des caisses, de sa fabrication, mais les mécanismes et les moteurs sont allemands et importés 1. Le « Train géant ». C’est le chef d’œuvre de Brianne, et c’est ce train qui, aujourd’hui toujours, assure la pérennité du nom de son créateur. Nous lui consacrerons un important article technique dans un prochain numéro de « Jouets de Collection ». En attendant, nous donnons une description succincte de ce train. Fabriqué à un seul exemplaire, et proposé sur le catalogue pour plutôt montrer le savoir-faire de Brianne que pour susciter des commandes, ce train a été créé pour les fêtes de Noël 1905 et pour animer les démonstrations des Galeries Lafayette. Réalisé à l’échelle du 1/10 ème et circulant sur une voie à l’écartement de 140 mm, il se compose d’une locomotive type 230 A du PLM (dont la série est contemporaine et vient de sortir des ateliers de la compagnie) avec son tender à trois essieux, formant un ensemble de 1,35 m de long et pesant 22 kg, et mu par un moteur électrique et des batteries d’accumulateurs. Des voitures à bogies inspirées Electricien, Brianne ? Certainement. Ingénieur, et constructeur ? Un peu… car, en fait, Brianne est ce que l’on appellerait un « commercial » aujourd’hui, beaucoup plus qu’un ingénieur et encore plus qu’un constructeur. Il fabrique très peu de jouets, et en importe beaucoup. La plupart de ce qui est en mapage de gauche  : La photo de couverture du catalogue Brianne de 1906. Sans nul doute est-ce la le seul grand catalogue que cette éphémère firme a produit. La 230A du PLM est reproduite avec exactitude. 1 Ce qui fait que, aujourd’hui, des jouets Brianne peuvent passer, dans les ventes internationales, pour des bricolages d’amateurs sur base Märklin ou Bing (cela se faisait jadis), et sont souvent achetés pour la récupération des pièces d’origine Märklin ou Bing. L’acquéreur, ainsi ignorant de l’origine Brianne du jouet, est certainement perdant quand il démantèle le jouet  : la valeur des pièces récupérées est moindre. ci-contre  : La page d’introduction du catalogue. Les 80.000 lampes en magasin montrent bien que l’activité principale de Brianne est l’électricité domestique. Vieux papiers » - 31