16 réflexions Dans ce cadre, en étant très clair sur son positionnement, très rigoureux sur son exécution, toujours à la recherche de motiver davantage le client, passionné par la délivrance de la meilleure expérience possible, on peut s’en sortir oui. Certaines des personnes les plus riches, et les plus heureuses que je connaisse sont des opérateurs de clubs indépendants ! PJD_Le marché du fitness évolue très vite, que pensez-vous de l’explosion du CrossFit et autres concepts de boutique Gym comme Orange Theory, Saul Cycle, F45, TRIB3… VJ_C’est un phénomène que nous avions annoncé aux clubs, il y a maintenant six ou sept ans. Je me rappelle avoir écrit et présenté des séminaires au début des années 2010 sur la segmentation à venir du marché : d’un côté les low cost et de l’autre, les boutiques… donc ça n’est pas une surprise, seuls les opérateurs français qui pensaient, comme souvent, que ça n’arriverait pas en France, sont surpris. Déjà, cette segmentation à trois niveaux avec une offre mid-market encadrée par une offre low budget, une offre « boutique » premium, est commune à toutes les industries qui arrivent à un certain niveau de maturité. Prenez l’hôtellerie, les avions, les restaurants, les centres commerciaux, etc. Rien d’étonnant ici, le fitness a maintenant presque 40 ans et arrive à maturité… Deuxièmement, notre « mid-market » s’est longtemps reposé sur ses lauriers et a proposé une qualité de services assez basse malgré une longue liste d’activités sans vraiment se soucier du manque de fréquentation des clients pendant trop longtemps. Au final, les clients déçus ont cherché des solutions, pour les pratiquants attirés essentiellement par les machines et autonomes dans leurs entraînements, ils se sont tournés vers les budgets, pour d’autres, des offres spécialisées en cours collectif qui leur apportent enfin les basiques dont nous parlons à nos partenaires depuis trente ans : un bon instructeur, une bonne sono, du bon matériel, un environnement au design motivant, etc. Les boutiques bouchent un vide laissé par les clubs, mais ce n’est pas une fatalité. Tout le monde n’a pas envie, ou ne peut pas payer 20 ou 30 euros par entraînement. Et puis, il faut forcément combiner deux ou trois activités dans la semaine pour une pratique sportive équilibrée et efficace… #39 Février - mars 19 Arriver à faire venir les gens deux ou trois fois par semaine sur la longueur nécessite bien plus qu’un bon marketing et de beaux clubs avec plein de matériel. Prenez les clubs Les Mills à Auckland – il y a une forte concurrence low budget autour, pas étonnant pour l’enseigne la plus chère de la ville. Par contre, il y a très peu de boutiques. Les gens ne voient pas pourquoi ils paieraient pour un cours le prix qu’ils paient pour un accès illimité à un grand nombre d’activités toutes délivrées au niveau de qualité « boutique ». Les profs sont très bons, très bien formés et payés, les studios sont magnifiques, les équipements très bons, le coffee-shop un vrai lieu de vie, etc. PJD_Quand vous avez de bons clubs autour de vous, les boutiques ont moins de sens… VJ_J’ai moi-même utilisé beaucoup de boutiques à New York – impossible de trouver un club top près de chez moi avec de très bons entraînements en cours co et en fonctionnel. Je combinais 3 ou 4 endroits dans ma semaine. Et c’était très agréable, car changer de lieu, d’ambiance tout en restant dans un rayon proche de chez soi est plutôt motivant. Par contre, à Chicago, j’allais en club multiactivités. J’en avais deux ou trois tops autour de mon travail qui proposaient un très bon rapport qualité-prix. Programmes Les Mills, super zone d’entraînement fonctionnel, coffee-shop sympa, etc. J’avais gardé un barry’s bootcamp de temps en temps pour préparer le semi de New York, car je n’ai pas trouvé l’équivalent de cet entraînement en club et courir seule sur un tapis est vraiment un truc que je déteste. PJD_Enfin, comment voyez-vous à dix ou vingt ans l’évolution du fitness ? VJ_Dix ou vingt ans, j’avoue que je ne sais pas. Tout change tellement vite ! Peut-être verronsnous enfin la pilule qui empêche de prendre du poids et qui rendra la pratique du sport moins motivante ! Je plaisante ! Même avec cela, le mode de vie sédentaire actuel, le besoin de contacts sociaux et de fun motivera toujours les gens à faire du sport et en particulier du fitness. Les générations Milléniums et Z s’entraînent bien plus que leurs parents et je ne vois pas cela diminuer, au contraire. Les clubs et boutiques ont un grand rôle à jouer dans ce domaine, et ils ont la capacité d’être le 3 e lieu pour les gens, avec la maison et le travail. Maintenant, il n’y aura pas de place pour des expériences médiocres. À courts et moyens termes, je vois le niveau des clients continuer à monter en termes technologiques. Tout pouvoir faire de son téléphone est essentiel aujourd’hui. Ils vont également tolérer de moins en moins les contraintes. La culture de l’achat en un clic et de la livraison prime, merci Amazon, se développe. Les clients ne veulent plus s’adapter à vous, l’inverse est de rigueur. Comment proposer des plannings très flexibles, de la gratification instantanée est un sujet intéressant. Il faut également que les clubs se projettent plus comme des partenaires sportifs que comme des lieux qu’ils pensent en dehors de leurs murs. Les gens ont besoin de bouger 3 à 5 fois par semaine, mais peu viendront ce nombre de fois en clubs. Les générations Z et Milléniums nomment la maison comme leur second endroit préféré pour faire du sport. La plupart utilisent des apps ou des contenus en ligne pour savoir quoi faire et se motiver. Comment devenir l’acteur et le partenaire fitness à 360 degrés de nos clients au lieu d’être simplement un lieu et une partie de leur semaine sportive est un challenge intéressant à mon avis. Il y a des dizaines d’idées qui me viennent en tête que j’explorerais si j’avais un club : prescription de plan d’entraînement hebdo qui inclut aussi des sessions à la maison, solution de cours online et en streaming, système de récompense à la fréquence d’entraînement, compétition virtuelle entre membres, textos de contenu et de motivation pour des séances d’entraînement en vacances, etc. J’aime beaucoup ce que propose Myzone justement dans ce domaine, je trouve leur réflexion et leurs propositions de valeur B2B très abouties et leur motivation très saine : encourager, reconnaître et récompenser l’assiduité au sport (plutôt que la performance) avec entre autres un système de points, de textos et d’e-mails, de statuts comme pour les « frequent flyers ». J’adore l’idée de promouvoir dans les clubs et sur les médias sociaux tous les nouveaux clients qui ont atteint le premier statut myzone qui récompense en fait l’atteinte des minimums d’activité hebdomadaire pendant un mois d’affilée. Un outil parfait pour rendre tangible la prescription lors de l’inscription. Ce qui est sûr, c’est que les choses vont bouger encore plus vite qu’aujourd’hui !// |