! ! Floride 9 Janvier 1957 Vivian Maier Vivian Maier/Maloof Collection, Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York ! ! S u b v e r s i on l’heure du divertissement-roi, il peut devenir quelque peu ardu que de Adifférencier celui-ci d’une démarche qui se verrait inscrite dans un dessein différent, et que l’on a pour coutume de nommer culture. La culture : qu’estelle exactement, comment la définir, quels attributs lui céder ? Il n’est en effet pas rare que culture et divertissement se mélangent, pour parfois ne faire plus qu’un ; mais ce, dans un dangereux amalgame qui détournerait la première de sa subversion initiale. Artaud – et Apollinaire avant lui -, grande figure du théâtre contemporain, avait souhaité une révolution de la mise en scène, qui ne considère plus le spectateur comme totalement passif, mais qui l’engage de façon plus totale, dans un comportement actif. Passif, actif, peut-être tient-on là un premier élément de réponse… La démarche d’Allan Sekula, récemment décédé, n’était peut-être pas si éloignée des précurseurs que furent Apollinaire, Artaud, et bien d’autres encore : son œuvre de photographe s’inscrit dans une approche critique, qui implique une certaine construction intellectuelle dont devra témoigner le regardeur ; démarche déjà engagée par Godard, dans une considération certaine pour l’efficacité subversive du montage des images aboutissant à l’œuvre filmique – œuvre qu’il pourrait être important de connaître, ne serait-ce que dans ses grandes lignes. De telles réflexions inscrivent nécessairement la culture dans le politique, au sens premier du terme. Au moment où le mot de « crise » revient dans presque tous les discours, il demeure essentiel de rappeler qu’on n’a jamais eu autant besoin de culture. Besoin, assurément, car il en va de la vie citoyenne, comme de ses évolutions possibles, et parfois déjà initiées. Ce que la culture - ou bien la rencontre qu’on en fait, sous toutes formes que ce soit - nous apporte, c’est bien souvent un enrichissement certain de la pensée, manquant parfois, dans un monde où l’on a davantage d’attention pour ce qui est rentable et performant. Mais comment apprécier le sentiment de saudade, concept portugais auquel le fado (chant mélancolique de la même origine) n’est pas étranger, si ce n’est cet enrichissement que permet la culture ? A la lecture de l’article passionnant de Samuel de Jesus, l’évidence apparaît d’elle-même. Alors, la culture, le divertissement, quid de ces deux antagonistes, pourtant parfois si semblables ? Le choix revient nécessairement et inéluctablement à la part subversive qui sommeille en vous. N’ayez crainte de la réveiller… ! ! 2 Marieke ROLLIN Éditorialiste ! |