n FEMMES DANS LE VENT INTERVIEW À LA UNE De quelle(s) émission(s) tout au long de votre parcours êtes-vous la plus fière ? J’ai produit beaucoup d’émissions que j’ai toutes beaucoup aimées. Le Loft a été une aventure incroyable, un tournant, puisque c’était la première télé-réalité en France. Avec la Star Academy, j’ai connu l’ampleur d’une émission de divertissement, avec plus de 200 personnes sur le plateau, des invités internationaux prestigieux, un budget à la hauteur des enjeux, que l’on ne retrouvera peut-être plus jamais à la télévision. Avec Miss France, j’ai réalisé un rêve d’enfant. Avec Une saison au zoo, on a apporté une nouvelle écriture sur le service public. Avec Les Marseillais, on s’inscrit dans une nouvelle forme de programmes que j’appelle la « série-réalité ». Les femmes productrices ont-elles un regard différent, une façon bien à elles de mener les projets à la télévision ? Je ne pense pas qu’il y ait de différences. A titre personnel, j’ai peut-être un management plus attentif à des problématiques féminines, notamment en termes d’horaires et de maternité. J’ai une fibre féministe même si je n’ai rien d’une militante. Le monde de l’entreprise demeure machiste. A la télévision, c’est vrai que les hommes ont longtemps relégué les femmes aux fonctions artistiques, et non financières, moins flatteuses pour les egos. Mais on note aujourd’hui des changements et une très grande féminisation de la profession. Vous représentez la réussite au féminin dans ce monde très fermé de la production télévisée, peut-on dire qu’il y a un style Alexia Laroche-Joubert ? Je ne sais pas si l’on peut parler d’un style, mais ce qui me caractérise depuis toujours c’est la prise de risque, y compris dans le management humain. Pour recruter des collaborateurs, je n’ai jamais misé sur l’expérience. L’âge importe peu pour moi, ce qui compte c’est la créativité, l’innovation, la capacité de travail. J’ai à mes côtés un ancien stagiaire, par exemple, qui est devenu en moins d’un an producteur d’une émission ! Ce qui me caractérise également, c’est que j’ai peu d’états d’âme et que j’assume très bien la pression. Mais le plus important, je crois, c’est que j’aime profondément la télévision, dont je suis une très grande consommatrice depuis toujours. Nos lectrices interrogées vous décrivent comme une femme « spontanée », « libre », 12 Entreprendre Femme Alexia, bio express Après avoir obtenu un DESS de droit, Alexia Laroche-Joubert (né en décembre 1969 à Paris) officie pendant six ans sur les chaînes thématiques de Canal + avant de rejoindre la maison mère aux côtés de Michel Denisot et de Marc-Olivier Fogiel pour Télé dimanche et TV+. Elle rejoint ensuite TF1 et devient rédactrice en chef d’Exclusif. En 2000, elle prend en charge les filiales d’Endemol, puis en devient la directrice des programmes, tout en étant aussi directrice de la Star Academy. En mars 2008, Alexia quitte Endemol France pour monter sa propre société, ALJ Production, avec son ancien patron, Stéphane Courbit. A 45 ans, maman de deux filles, elle est aujourd’hui productrice et « Managing Director » de Banijay Productions France, filiale de Banijay Group, passée en tête des producteurs d’émissions de télévision en France. Selfie d’Alexia avec la promotion 2014/2015 du Master management des télécoms et des médias de Dauphine. « naturelle », « enthousiaste », « sympathique », « pas prétentieuse », « drôle ». Quel(s) adjectif(s) vous font le plus plaisir et pourquoi ? Ça fait plaisir à entendre ! Parmi ces adjectifs, celui qui me fait le plus plaisir c’est « drôle », sûrement parce que c’est celui qui est le plus surprenant pour moi. Je n’ai pas eu une vie toujours très amusante parce que j’ai connu beaucoup de drames personnels… mais j’ai toujours essayé de travailler avec cette forme de légèreté de l’être. Etre drôle, c’est dans ma nature, mais ce n’est pas forcément ce que les gens voient en premier. Je trouve donc cela super ! « Pas prétentieuse » … oui, je suis la fille de ma mère. Et je peux vous assurer que quand vous avez une maman comme la mienne avec un tel parcours, vous ne vous la pétez pas ! (rires) « Enthousiaste », c’est ce que je suis depuis toujours, et j’ai gardé cette faculté de m’émerveiller qu’ont les enfants. J’ai un papa à qui il est arrivé beaucoup de choses difficiles et, malgré tout, il m’a appris à toujours voir la vie en technicolor ! Avez-vous été inspirée par d’autres femmes de télévision ? Dans le passé ou actuellement, qui suscite le plus votre admiration ? Oui, Pascale Breugnot, bien entendu ! Une des premières grandes productrices françaises de télévision. C’est elle qui m’a donné ma chance sur TF1 à 27 ans. Je pense aussi à Fabienne Servan-Schreiber, qui s’est formée auprès de grandes signatures de l’audiovisuel, avant de devenir réalisatrice, puis productrice de cinéma et de fonder Cinétévé, sa société de production audiovisuelle indépendante. C’est un exemple pour moi. Elle est incroyable de talent, de force de vie, de bienveillance. Je pense enfin à Marie-Laure Sauty de Cha- |