Chroniques n°76 avr à aoû 2016
Chroniques n°76 avr à aoû 2016
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°76 de avr à aoû 2016

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Bibliothèque nationale de France

  • Format : (210 x 270) mm

  • Nombre de pages : 36

  • Taille du fichier PDF : 6,7 Mo

  • Dans ce numéro : l'histoire de la franc-maçonnerie racontée à la BnF.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
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20 VIE DE LA BnF BRUNO RACINE CHRONIQUES DE LA BnF Nº76 2007-2016 Un président à l’œuvre Bruno Racine est président de la Bibliothèque nationale de France depuis 2007. Dans un entretien avec Laure Adler, journaliste et écrivain, il fait un bilan de son action et un tour d’horizon des enjeux d’aujourd’hui pour les bibliothèques et le livre. Laure Adler  : Dans quel état d’esprit êtes-vous à la veille de votre départ ? Bruno Racine  : Je ressens bien sûr une sorte d’arrachement, parce que le lien que j’ai tissé avec la BnF est très fort, mais en même temps une certaine sérénité parce que le temps ne m’a pas été mesuré et que j’espère avoir accompli l’essentiel de ce que je voulais faire. La Bibliothèque est à un tournant de son histoire  : cette institution si ancienne a pris le virage de la révolution numérique de façon déterminée. J’ai accentué cette orientation, mais j’ai aussi mis —os beaucoup de passion dans l’enrichissement des collections. La dématérialisation permet à des millions de gens d’avoir accès à ce qui auparavant était réservé à une poignée de chercheurs, mais l’importance de l’original demeure, ainsi que sa valeur symbolique. Selon moi, la BnF devait être une sorte de pionnière de la bibliothèque du futur – et le chiffre de 3,5 millions de documents en libre accès dans Gallica est vertigineux –, mais elle se devait aussi d’acquérir les archives de Guy Debord ou de Michel Foucault, ou encore de très précieux manuscrits du Moyen Âge, ou ceux de Casanova.L. A.  : Quand vous êtes arrivé il y a neuf ans, quelles étaient vos idées pour la BnF ? B. R.  : Ma première conviction était que la BnF devait s’affirmer comme un leader dans le monde numérique. Je savais aussi que le site historique de la rue de Mir 0.. tic nem- 1. Conference of European National Libraries (CENL) 2. La bibliothèque numérique européenne Ci-dessous Bruno Racine et Laure Adler, 2016 F. lm Richelieu se trouvait dans un état très préoccupant et qu’il fallait lancer ce chantier majeur dans toute son ambition alors que son financement n’était pas assuré. J’ai toujours été sensible à la dimension internationale et pour affirmer davantage la place de la BnF, j’ai été élu à la présidence de l’association des bibliothèques nationales européennes 1, puis d’Europeana 2. J’étais également convaincu que le rayonnement scientifique de la BnF était essentiel. Le nombre et la qualité de ses conservateurs, dont certains sont autant de sommités mondiales dans leur domaine, sont une de ses grandes forces, et il était important qu’ils se sentent reconnus comme le fer de lance de la BnF.L. A.  : Et aujourd’hui, qu’est-ce qui devrait être amélioré ? B. R.  : Pour la numérisation, il faut naturellement poursuivre ce qui a été entrepris, car les collections sont gigantesques, mais je pense, qu’aujourd’hui, il faut investir davantage dans la mise en forme des contenus pour toucher un public plus large que le cercle des chercheurs. C’est ce que nous venons de tenter avec la Fondation BTP Plus. Nous avons mis au point un site, Passerelle(s), à partir des ressources numériques de la BnF, de façon à enrichir la formation culturelle des 65 000 apprentis du bâtiment, mais ce site peut intéresser l’audience la plus large. Les ressources de la BnF peuvent contribuer à l’éducation artistique et culturelle de tous, à toutes les périodes de la vie.L. A.  : Ces neuf années de mandat ont vu se produire des révolutions dans le monde du savoir, grâce ou à cause d’internet. Est-ce que la BnF s’en est fait la caisse de résonance ? B. R.  : J’ai souhaité que la BnF soit pleinement engagée dans cette révolution.
VIE DE LA BnF BRUNO RACINE. p Vs.ws:g P.-4.1.i. Jeie.'2Z"-..) tarte R ele, ; *'e- 4... ers.% r esselessi tZr.`1.1:71-.. 4.. ; 13-:tL...,-...k. l'st Li.1,+...- « `"""t^: *- ; -.11 1 4>.- -w4s sw ww « sssw w 44.4-.1... 64.6, 4,44-4k, ra..L.,ei,`...LA. 4.nisucr -..1 el—. w..-, yÀ, V...u. 4yrW. rx..n7..6.1i-1., 1.r a.‘,.1 4/4 e'... as... ; a é g'ssse J. w. s-ks.sw ss s J.. du Éewss S 14L es. à iwsL. sws.I..d..:...N el.. wtsiAs.t.e vs-. ;e,.,-dp Lv st sass.-i...r...—.:. ? , —.3...e.e... —. z.. —..+.is.t., —1.4_  : 1... jw.l.:..:1., Sp, Gr.- n'-e.. I ; e..""4.1Ali 0r. ! 1... 4'r..›.2..1,-"- 1_,Zrel'-1..1.J..,e, - tàei.rer1, r e`", -... J..- t-..ri...4.. Je I.,ee':.1.:, —,.e.._.i. 1-'1- tcw. gl-n1.›^2 1 «..ke : y.4.b. « e.i.=... tià.. au.I.L...4,214.4t..isp. a 60. ^-e"-.1,tà-i`.. men. 114,14, 14h. 13  : premier.*T a l-r.". 15 OMPI ERS ra- É.n.-4 ".r —if.4. es.-_. Se,. !'-, yss -...L.,s - 4.-'1 la, r 1.. e _.e..jt,L.4...,:i. 11..io U., I.Lii IlHe)e..=:_v_1,e,_.. Iked 4'm 1- re.., r h7-. te'`' ; t "1/4. li...2.t..1:-,.L.1›., » _.7 - e-J 1.W-s.:,L.3.0,'I" ; e.., bis.. t'7. - ‘..d à... À. -..e." uste..1- 1 74.:%..t., ç,.sr..-'e^e4 - r- v 4 Re de'r esss) gr.. d.. to. C’est la raison d’être des programmes de numérisation de masse que j’ai intensifiés et élargis. Inversement, la fréquentation de notre bibliothèque de recherche, qui a augmenté jusqu’à 2010, a eu tendance ensuite à décroître et s’est aujourd’hui stabilisée. On observe que le lecteur « professionnel », c’est-à-dire celui qui a besoin de lire pour son travail, cumule la lecture numérique et sur papier. Il exploite tout ce qu’il peut glaner en ligne et programme sa venue en bibliothèque de manière plus concentrée dans le temps, ce qui explique qu’il y ait un peu moins de lecteurs.L. A.  : Un jour ou l’autre, il n’y aura peut-être plus besoin de salles de lecture ? B. R.  : Ce jour n’est pas encore arrivé ! D’abord parce que la Bibliothèque offre des conditions de travail idéales. Ensuite, parce que, du fait de la protection du droit d’auteur, on ne peut pas mettre en ligne en libre accès à distance des livres protégés ; mais s’ils existent en version numérique, le lecteur de la BnF peut les consulter sur place. En outre, depuis plusieurs années, toute une littérature se développe sur la bibliothèque comme « troisième lieu », a home ‘. 4. H4,4 Ir H, 1,41L41r J.r. r-, 04.6...à - away from home. Elle propose une autre forme d’appropriation des lieux que la salle de lecture héritée du xix e siècle. Nous allons expérimenter cela à Richelieu où nous aurons à la fois une grande salle de lecture classique – la salle Labrouste, qui abritera la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, mais où l’on pourra communiquer aussi des ouvrages de la BnF – et la salle Ovale qui relèvera davantage de ce concept. Nous avons déjà commencé de le mettre en œuvre non sans succès sur le site François-Mitterrand, en Haut-de-jardin où, à côté des salles classiques, existe la possibilité de s’installer pour travailler dans les allées et dans les halls, boire un café, se détendre. Dans un esprit de plus grande ouverture, j’ai défendu l’idée d’instaurer la gratuité du Haut-de-jardin, qui n’a pas été retenue par la tutelle à ce stade, et je pense qu’une grande bibliothèque doit pouvoir proposer des horaires plus larges, par exemple certains soirs, non pas d’ailleurs pour la totalité de ses locaux, mais pour certaines salles. Dans un contexte de réduction des effectifs, ce n’est pas simple, mais la question mérite d’être posée. e-1". 14. P.à s g 1. - Y. 4.\A.":‘.4<:". Lire l’entretien intégral sur Chroniques en lignert,", -L. A.  : La signification même de ce que veut dire « lire » a profondément évolué. Comment définiriez-vous cette activité aujourd’hui ? B. R.  : Le mot « lecture » recouvre des pratiques très différentes ; je crois qu’en fait, on n’a sans doute jamais autant lu qu’aujourd’hui. Ce qui paraît menacé, c’est la lecture solitaire et silencieuse. Les statistiques montrent également que le nombre de très grands lecteurs a tendance à diminuer. On dit que la fréquentation d’internet ne favorise pas la concentration, mais une sorte de zapping intellectuel et culturel, et que le web contient une masse de contenus non filtrés et non hiérarchisés. Une des missions fondamentales de notre système éducatif est aujourd’hui de fournir au futur citoyen l’ossature intellectuelle qui lui permettra de se repérer et d’avoir une pensée critique et nourrie. La Bibliothèque doit aussi contribuer à ce mouvement. Grâce aux ressources numériques immenses dont elle dispose et à la compétence de ses équipes, notamment scientifiques, elle a toutes les cartes en mains pour être le catalyseur d’une pensée libre et construite. Propos recueillis par Laure Adler Ci-contre Guy Debord Notes de travail pour le projet « Apologie » [Années 1960-1994] BnF, Manuscrits, fonds Guy Debord 21



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