des villages pour les fratries Sixième d'une fratrie de 9 enfants, HermannGmeiner naît en 1919 en Autriche et perd sa mère à l'âge de 5 ans. Sa sœur aînée, Elsa, prend alors en charge ses frères et sœurs. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Hermann, étudiant en médecine, décide de suivre la voie tracée par sa sœur afin de recueillir des enfants orphelins sans séparer les fratries : le 1er Village d'enfants SOS voit le jour en 1949 en Autriche. Aujourd'hui, l'association SOS Villages d'enfants international compte 572 villages à travers le monde (dont 17 en France) et accueille plus de 89 000 enfants et jeunes. Une leçon d'humanité que nous raconte Isabelle Moret, directrice générale de SOS Villages d'enfants France. Pourquoi est-ce si important de ne pas séparer les fratries ? Les enfants que nous prenons en charge ont déjà vécu un traumatisme de séparation en étant éloignés de leurs parents. Les séparer de leurs frères et sœurs serait leur faire subir un nouveau traumatisme. La fratrie est ce qu’il leur reste de famille : un lien fort entre leur passé (leurs frères et sœurs sont les seuls avec qui ils ont des souvenirs communs), leur présent et leur futur. C’est un socle sur lequel se poursuivra leur histoire commune. D’où viennent les enfants ? Fort heureusement, il y a très peu d’orphelins en France : la majorité des enfants ont encore leur père et/ou mère, mais sont séparés de ces derniers dans leur intérêt, à la suite de carences éducatives avérées (en 2017, on comptait environ 150 000 enfants placés en France). Cette décision est prise par un juge. Les enfants sont alors confiés au service départemental de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), qui a plusieurs choix. Les enfants vont soit en maisons d’enfants où ils sont regroupés par âge (les bébés vont en pouponnières), soit en familles d’accueil (mais les candidatures sont de plus en plus rares), soit chez nous (le seul endroit où ils ne seront pas séparés de leurs frères et sœurs). 68 INITIATIve POSITIve N’y a-t-il pas des cas où il serait préférable de séparer les fratries ? Maintenir les fratries ensemble n’est pas un dogme, en effet. Avant de décider, nous regardons comment se vivait et se vit la fratrie. Il peut, hélas, s’avérer exceptionnellement judicieux de ne pas chercher à rapprocher frères et sœurs lorsque ce lien a été altéré avant le placement au point de devenir nocif. Nous assistons d’ailleurs les services de l’Aide sociale à l’enfance sur ce sujet précis dont nous sommes devenus experts et veillons toujours en cela à l’intérêt de chaque enfant. Comment sont organisés les villages d’enfants SOS ? Ce sont des maisons classiques (avec 4-5 chambres, 1 cuisine, 1 salon…), regroupées ensemble, que nous avons achetées ou que nous faisons construire. Il y a en moyenne 10 maisons par Village d’enfants SOS. Quand la fratrie compte plus de 6 enfants, nous répartissons ceux-ci dans 2 maisons mitoyennes ; quand elle est moins nombreuse, elle habite sous le même toit que d’autres fratries. |