CHINE : de l’enfant unique à la fratrie ? Ils ont un peu moins de 30 ans, viennent de se marier et accueilleront bientôt leur premier enfant. Un schéma très classique, si ce n'est ce mot : « premier », qui pour eux est une véritable révolution, car les Chinois ont désormais le droit d'élever des fratries ! La fin de la politique de l'enfant unique bouscule les codes, les envies, et attise les appréhensions de ces nouveaux parents qui, pour une très grande majorité, ont euxmêmes été élevés seuls. De la régulation des naissances… Pour éviter la surpopulation, la Chine met en place, de 1979 à 2015, la politique de l'enfant unique. Un contrôle des naissances draconien : le régime force parfois les avortements et les stérilisations. En 2013, le ministère de la Santé chinois avance le nombre de 336 millions d’avortements pratiqués depuis le début des années 70, assorti de 196 millions de stérilisations. Il en résulte une baisse drastique des naissances dans les années 80 et un gros décalage numéraire entre les hommes et les femmes : les familles chinoises préfèrent avoir un garçon plutôt qu’une fille, car cette dernière, au jour de son mariage, perd toute obligation envers ses parents, et notamment celle de subvenir à leurs besoins… … à la fratrie En 2015, la Chine assouplit sa politique et permet officiellement aux familles d’avoir deux enfants. Aujourd’hui, il est question de mesures sociales incitatives à l’accroissement des naissances. 66 Dossier « 66LA FRATRIE » Une évolution compliquée La vie est chère en Chine (notamment les logements), et particulièrement dans les grandes villes. Pas simple donc de loger plus d’un enfant, d’autant que « la plupart des Chinois vivent à 3 générations sous le même toit ! », explique Ruoxi Zhang. La jeune femme, de retour à Shanghai après des études aux États-Unis, vient de se marier et commence à songer à la maternité. Comme en Europe, les jeunes parents doivent aussi faire face au manque de temps : « traditionnellement, ce sont les grandsparents qui s’occupent des petitsenfants, mais les choses changent et la 3 e génération n’est plus aussi volontaire. Mes parents, par exemple, ont l’intention de voyager et de profiter de leur retraite. Or trouver une bonne nourrice est difficile et coûteux, cela ne facilite pas les choses... ». |