Les rythmes Montrer l’exemple Nos enfants sont de vraies éponges et copient nos gestes (comme nos mimiques ou nos habitudes de langage) sans que nous en ayons toujours conscience. En leur présence, il est donc important d’adopter les bons réflexes, comme de couper le son de son téléphone, de s’abstenir de le prendre à table, de résister à l’envie de répondre à un texto ou de consulter ses réseaux sociaux… Autorisez-vous une pause : personne ne vous en voudra de choisir votre famille plutôt que vos écrans ! Par ailleurs, certaines études laissent à penser que l’utilisation à haute dose par les parents de leur smartphone en présence de leurs enfants pourrait conduire, dans les cas extrêmes, au développement de troubles alimentaires et de l’endormissement chez les bébés. Notamment du fait qu’ils doivent partager l’attention de leurs parents. De nombreux enfants développent ainsi un sentiment de jalousie envers le smartphone : si les vôtres vous reprochent de passer trop de temps derrière votre téléphone, c’est qu’il est temps de revoir vos priorités. Avant 3 ans : pas de télé, très peu de tablette L'avis de l'Académie américaine de pédiatrie (AAP) Les principales recommandations dans nombre de pays sont issues de l’avis de l’Académie américaine de pédiatrie, qui a émis, en octobre 2016, un document intitulé « Media and Young Minds » (1), après avoir compilé les dernières recherches, tout en mentionnant que ces dernières étaient encore rares. Elle rappelle que les enfants de moins de 2 ans ont besoin avant tout, pour développer leurs compétences socioémotionnelles, linguistiques, motrices et cognitives, d’interagir avec leur entourage et le monde physique et que, avant cet âge, les bénéfices des écrans restent limités. Elle déconseille ainsi fortement aux familles d’exposer les enfants avant 18-24 mois aux écrans (sauf pour discuter en ligne, via Skype par exemple, quand les proches d’une famille sont éloignés). 54 Dossier « LES ENFants & les écrans » En France Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’y a pas d’avis « officiel » en France. La personnalité la plus connue sur la question est le psychiatre Serge Tisseron (2), qui a établi en 2008 la règle des « 3-6-9-12 ». Il opère une différence entre la télé, à interdire avant 3 ans, et les écrans interactifs, que l’on peut envisager, mais « toujours accompagné, pour le seul plaisir de jouer ensemble » (avis partagé par l’Académie des sciences dans son rapport « L’enfant et les écrans », rendu en 2013 et qui proscrit la télé avant 3 ans mais pas les tablettes, qui « peuvent être utiles au développement sensorimoteur du jeune enfant »). Si l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) a repris ces balises « 3-6-9-12 », elle précise cependant que « l’enfant n’a pas besoin d’une tablette pour se développer. S’il n’en a pas, il ne prendra pas de « retard » sur les autres ! ». Parmi les plus réfractaires, Michel Desmurget, docteur en neurosciences et directeur de recherches à l’Inserm, précise que « les écrans n’ont aucun effet positif sur le développement émotionnel ou cognitif de l’enfant, qui a besoin d’humain et d’interaction (manipuler des cubes, jouer avec des enfants et ses parents, s’ennuyer) ». À noter que le nouveau carnet de santé (avril 2018) comporte désormais un paragraphe entier concernant les écrans. Le ministère des Solidarités et de la Santé déconseille ainsi fortement de laisser son enfant de moins de 3 ans dans une pièce où la télévision est allumée, même s’il ne la regarde pas, et préconise, quel que soit l’âge de l’enfant : d’éviter d’installer un téléviseur dans la chambre des enfants ; de résister à la tentation de se servir de la tablette ou du smartphone comme doudou pour calmer l’enfant, pour l’accompagner durant ses repas ou lors de son endormissement ; d’éviter d’utiliser un casque audio ou des écouteurs pour le calmer ou l’endormir. Serge Tisseron confirme ses recommandations, 10 après, dans une interview accordée à Bubble Mag, à retrouver sur www.Idkids.fr. |