LES DROITS DES GRANDS-PARENTS Lorsque les désaccords entre les parents et les grands-parents sont si importants que toute relation est rompue, il arrive que les parents interdisent aux grandsparents de voir leurs petits-enfants. Dans ces cas extrêmes, les aïeuls ont-ils des droits ? Peuvent-ils passer outre la décision des parents ? Réponses avec Marie-Pierre Lazard-Pourcines, avocate au barreau de Nice et spécialiste en droit de la famille. MARIE-PIERRE LAZARD-POURCINES Les parents peuvent-ils empêcher leurs parents et/ou leurs beaux-parents de voir leurs petits-enfants ? En principe, non. Depuis 1970, le code civil reconnaît aux grands-parents la possibilité d’entretenir des relations avec leurs petits-enfants, et ce, même en cas d’opposition de leurs enfants, gendres ou bellesfilles. Seuls des « motifs graves » (sénilité, tempérament violent, alcoolisme…) pouvaient être opposés, et non la simple mésentente entre grands-parents et parents. Toilettée en 2002 puis en 2007, la loi ne parle plus désormais de droit accordé aux grands-parents mais de droit donné à l’enfant. Ainsi, selon l’article 371-4 du code civil, « l’enfant a le droit d’entretenir des relations personnelles avec ses ascendants. Seul l’intérêt de l’enfant peut faire obstacle à ce droit. » Et, surtout, les parents peuvent désormais s’opposer à toute relation entre les grands-parents et leurs petitsenfants, même en l’absence de motifs graves, par le simple fait de démontrer qu’il n’est pas de l’intérêt de l’enfant de les fréquenter. 54 DOSSIER « GRANDS-PARENTS » Quelles sont les raisons d’exclure le droit des grands-parents ? L’actuel critère de « l’intérêt de l’enfant » est plus large que le précédent critère des motifs graves. Par exemple, en cas de discours des grands-parents discréditant les parents, la demande de droit de visite pourra être rejetée si celui-ci génère un mal psychique chez l’enfant. Il s’agit par exemple de « faire échapper l’enfant à une querelle qui le dépasse et dont il deviendrait l’otage ». Certains grands-parents ont également vu leur demande rejetée au motif qu’ils s’étaient montrés invasifs et interventionnistes dans la vie de l’enfant. D’autres encore se sont vu reprocher le fait de ne plus avoir de rapport avec l’enfant, quand l’enfant de son côté se montrait très réticent à leur égard. Quelles sont les raisons qui poussent les juges à accorder ce droit ? Lorsque les grands-parents s’engagent à ne pas dénigrer les parents, par exemple. Ou encore lorsqu’ils représentent la branche d’un parent décédé, « dans la mesure où ils sont les représentants privilégiés d’un père défunt ». |