Ecobulle par Anne-Laure Troublé crèches intergénérationnelles : utopie ou bonne idée ? ç Rapprocher les générations en faisant coexister crèches et maisons de retraite, voilà le pari de certains établissements qui osent croire aux vertus de la mixité intergénérationnelle. Un moyen de rompre l’isolement des personnes âgées. Et, pour les enfants, l’occasion de tisser des liens avec la génération de leurs grands-parents. Une (très) bonne idée, si l’on en croit les témoignages. « À Petits Pas », à Aspiran Genèse Au départ, il n’était question que d’un simple projet de maison de retraite. Puis, très vite, l’idée est venue à la Mutualité Française Hérault de construire également une crèche dans le même bâtiment. En 2008, c’est chose faite : crèche et maison de retraite ouvrent leurs portes ! Des lieux communs Chaque matin est l’occasion de se rencontrer : l’accès à la crèche se fait en traversant le hall d’accueil de la maison de retraite. Et tout au long de la journée, en un petit clin d’œil par la fenêtre, les personnes âgées ont vue sur la cour de récréation et même « directement sur l’arrivée du toboggan des grands ! », comme le souligne Marie-Jeanne Galtier, directrice de la crèche. Du sens Même si seulement une quinzaine de personnes âgées, sur les 63 que compte la résidence Gérard-Soulatges, participent vraiment aux activités, c’est l’ensemble des retraités qui redoute l’arrivée du mois d’août, avec la fermeture de la crèche… Et Marie-Jeanne de conclure : « Les enfants qui partent ne sont plus tout à fait les mêmes : ils ne sont plus indifférents aux personnes âgées. Rien que pour cela, tout notre projet vaut vraiment le coup. » Crèche À Petits Pas : 3, rue Saute-la-Paille, 34800 Aspiran. Tél. : 04 67 96 51 15. Courant 2013, forte de cette première expérience concluante, la Mutualité Française Hérault ouvrira une seconde crèche intergénérationnelle. Elle sera associée à une maison de retraite à Montpellier, dans le quartier Les Grisettes ; www.mutualite34.fr. Des activités ensemble Convaincue, Marie-Jeanne relate de son accent chantant les anecdotes qui ont parsemé la vie de la communauté depuis l’ouverture. Plusieurs fois par semaine, des « temps de rencontre », par paires, sont organisés autour d’activités diverses : pâtisserie, collage, peinture… et il n’est pas rare d’entendre un petit de 18 mois ou plus, appeler un résidant « papi Untel » ou « mamie Unetelle ». Certains binômes se transforment en une vraie relation. Comme pour cette petite fille qui a continué à voir sa « mamie de cœur » alors qu’elle avait quitté la crèche. Autre témoignage touchant : celui de ce retraité célibataire, quasiment mourant à son arrivée, qui a retrouvé une raison de vivre auprès des enfants… et qui passe son temps à les faire rire en faisant le clown ! Les règles 1 Volontariat. Aucune obligation de part et d’autre : chacun est libre de participer ou non aux activités intergénérationnelles, et l’on demande toujours aux enfants leur avis (même s’ils sont toujours pleins d’enthousiasme !). 2 Intimité. Des espaces communs, comme le hall d’accueil ou le jardin Sensoriel, mais aussi – très important – des lieux réservés, où chacun est chez soi, pour respecter l’intégrité de tout un chacun. 3 Aval des parents. Les projets intergénérationnels sont l’affaire de chacun : des enfants, des retraités, des professionnels d’encadrement, mais aussi des parents, qui participent par leur consentement et leur présence au projet. 24 |