Arabesques n°98 jui/aoû/sep 2020
Arabesques n°98 jui/aoû/sep 2020
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°98 de jui/aoû/sep 2020

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Agence Bibliographique de l'Enseignement Supérieur

  • Format : (210 x 297) mm

  • Nombre de pages : 28

  • Taille du fichier PDF : 1,2 Mo

  • Dans ce numéro : dossier, cartes en bibliothèque.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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( Dossier… CARTES EN BIBLIOTHÈQUE : NOUVEAUX USAGES, NOUVEAUX TERRITOIRES ) eLa cartothèque des bibliothèques La cartothèque des bibliothèques de l’Université Savoie Mont-Blanc a été profondément réorganisée à la suite d’un don massif. En 2010, l’UFR Sciences et Montagne de l’Université Savoie Mont-Blanc (Université Savoie Mont-Blanc) a fait don de son fonds cartographique à la Bibliothèque universitaire du Bourget-du-Lac. Ce don massif a d’abord constitué un défi logistique (déménagement épique), bibliothéconomique (intégration d’un nouveau type de document) et de catalogage (des milliers de documents à référencer). La collection comportait des cartes topographiques, géologiques et thématiques (végétation, climat, etc.). Il y avait aussi des calques topographiques et des photographies aériennes. La grande majorité du don concernait la France métropolitaine, mais il y avait aussi quelques corpus de cartes couvrant l’Afrique, les Amériques et l’Asie, collectées en fonction des sujets de recherche des enseignants-chercheurs. La collection présentait donc une variété de types de documents et de formats à laquelle se sont ajoutés d’autres dons d’origine et de contenus divers. L’ancienne salle des usuels de la BU a été totalement dédiée aux cartes et meubles à plans. La large baie vitrée permet d’éclairer naturellement les vingt-huit places de consultation. L’espace cartothèque a ouvert ses portes aux publics en mars 2011 avec une particularité notable : 90 % de son fonds est en accès libre. De plus, les documents sont empruntables par l’ensemble de la communauté universitaire. La collection et l’espace « Cartothèque » sont très sollicités par les enseignants-chercheurs pour les travaux dirigés de géographie et de géologie. La série des TOP25 est quant à elle fréquemment utilisée pour les sorties de terrain, mais également par les amateurs de randonnées. CATALOGUER POUR RENDRE VISIBLE Le catalogage du fonds a été mené à bien en parallèle à bien d’autres missions. En janvier 2018, à peu près la moitié du fonds cartographique était référencé dans le SIGB et le Sudoc. Pour connaître l’intégralité de 22 Ar (abes)ques N°98 JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2020 la collection, il fallait soit ouvrir tous les tiroirs, soit compter sur la mémoire des bibliothécaires. Autre inconvénient lié au précédent, l’emprunt des cartes se basait sur un double système : prêt informatisé ou prêt sur registre papier selon les documents. Pour remédier à cette situation, le duo puis trio des agents du SCD travaillant – entre autres missions – à la cartothèque a décidé de se concentrer sur le catalogage rétrospectif des cartes. De janvier 2018 à juillet 2019, environ 2 400 titres ont été référencés dans le Sudoc et 11 600 documents ont été exemplarisés dans le SIGB. La cartothèque affiche désormais plus de 4 000 titres et plus de 26 200 cartes. Les cartes traitées ont été également équipées et conditionnées pour faciliter les manipulations. La catalogueuse et les deux forçats de l’exemplarisation ont reçu l’aide de mains expertes pour effectuer des petits travaux de réparation/renforcement pour les cartes les plus utilisées/ abîmées. UTILISER LES DONNÉES POUR VALORISER LE FONDS Ce travail de catalogage a permis de faciliter la connaissance et le prêt des cartes, mais aussi de mener des actions de valorisation. Les données sur les titres possédés ont été retravaillées sur le logiciel SIG (système d’information géographique) QGIS. Associées aux tableaux d’assemblage IGN et BRGM, elles ont permis de cartographier la couverture de la France métropolitaine dans les collections de la cartothèque. Ainsi, bibliothécaires et usagers peuvent mieux visualiser le contenu de la collection. Pour l’instant, des cartes ont été réalisées pour les cartes topographiques à l’échelle 1:25 000 et 1:50 000 ainsi que pour les cartes géologiques au 1:50 000. Les cartes ainsi créées pourront être enrichies en intégrant des informations sur les dates et le nombre d’exemplaires de chaque édition du même titre. Le même travail est en cours pour la collection de photographies aériennes. De plus, le fait de cartographier la collection a permis d’affiner la liste des achats potentiels. Des zones ont été définies en fonction du degré d’actualité et du nombre d’exemplaires souhaité. Par exemple, pour répondre aux besoins des travaux dirigés, l’objectif est d’être le plus exhaustif possible pour les départements de la Savoie, de la Haute-Savoie et d’une partie de l’Isère. En matière d’acquisition, cela se traduira par l’achat des dernières éditions de la série Top25 en 25 exemplaires minimum pour ces secteurs. La prochaine étape consistera à référencer les collections en accès indirect pour déterminer leur traitement. Une fois les données complétées, l’objectif est de les exploiter et de les disséminer pour mieux valoriser une collection remarquable. Pour l’espace cartothèque, un projet d’aménagement a été mené en janvier 2020 avec notamment l’électrification des tables afin de répondre aux besoins des étudiants. Céline Beneito Bibliothèques de l’Université Savoie Mont-Blanc - Responsable de la cartothèque celine.beneito@univ-smb.fr © Crédit photo Université Savoie Mont-Blanc
oUne exposition cartographique à la BNU de Strasbourg Avec l’exposition Hors du monde, la carte et l’imaginaire (mai-octobre 2019), la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg a proposé une exploration des multiples dimensions de la carte. DE LA FICTION À L’ŒUVRE Objet à la fois scientifique, esthétique et narratif, la carte apparaît comme un produit de synthèse, hybride et plastique. Elle nous décrit le monde autant qu’elle l’invente. Elle nous raconte toujours une histoire, parfois jusqu’au mensonge. Pour illustrer cette polyvalence, le parcours de l’exposition se divisait en deux parties, chacune en deux sections. VERS L’INCONNU La première partie, Vers l’inconnu, se voulait historique : histoire de la cartographie (Un monde à découvrir) et histoire des explorations à travers quelques exemples (Un monde à explorer). Le survol historique menait le visiteur d’une vision symbolique du monde (carte en TO d’Isidore de Séville) jusqu’au travail scientifique de Bourguignon d’Anville, qui ne cherchait plus à combler le manque des connaissances par des créatures ornementales. Ce raccourci rapide et contestable, mais assumé, s’arrêtait sur un splendide incunable mis en couleurs de la Géographie de Ptolémée et des éditions du 17 e siècle des atlas d’Abraham Ortelius et Gérard Mercator. Les œuvres exposées donnaient à voir comment l’imagination des cartographes, alimentée aux meilleures sources, comblait les blancs de la carte en redessinant des espaces inconnus, ou en peuplant ces terres étranges de faunes et de flores fantastiques. En les figurant sur les cartes, on avait aussi fantasmé sur les habitants de ces ailleurs inquiétants, monstres à l’anatomie bouleversée ou terribles cannibales rencontrés au Nouveau Monde. L’imaginaire a pu aussi constituer un moteur pour l’exploration de territoires vierges. Localiser la mythique Eldorado, descendre le Nil pour dissiper le mystère millénaire de ses sources, faire renaître la cité perdue d’Angkor en navigant sur le Mékong - voyages de découvertes, loin des conquêtes guerrières. Même s’il ne faut pas être dupe, le colonialisme en toile de fond autorise et justifie souvent ces aventures. A côté de cartes et d’ouvrages du 16 e au 19 e siècle, le visiteur pouvait admirer de superbes manuscrits arabes qui reprenaient la vision de Ptolémée, ou une sélection d’objets de mesure et de navigation, dont un astrolabe marocain du 13 e siècle ou le sextant d’Alexandre Von Humboldt. La seconde partie de l’exposition, De la fiction à l’œuvre, inversait le point de vue. Il ne s’agissait plus d’étudier l’imaginaire dans le dessin de la carte, mais bien le rôle de la carte dans la constitution des mondes de fiction ou des créations artistiques. Afin de bien marquer la césure, la part de l’illustration se fait ici plus importante. La carte représente un moyen parmi d’autres pour donner corps à ces terres fictives. Dans Un monde à inventer, on accostait en pays d’utopie, de fantasy ou de science-fiction, avec Homère, Dante, Thomas More, Jonathan Swift, Jules Verne, François Place ou J.R.R. Tolkien, pour ne citer que les auteurs phares. Une place particulière était laissée aux jeux. La carte y joue souvent un rôle primordial : dans le jeu de rôle notamment, mais aussi dans les univers vidéoludiques, lesquels sont cartographiés dès leur conception afin de permettre la navigation virtuelle des futurs joueurs. La dernière section, Un monde à créer, s’intéressait à la carte comme objet esthétique, dont les codes peuvent être détournés par des artistes ou des graphistes, et les représentations distordues à des fins politiques. Les cartes humoristiques font sourire des tensions internationales à l’issue dramatique dans un 19 ème siècle finissant. L’allégorie redessine le monde dans un but religieux, moral ou courtisan, tels la Dame Europe par Sebastian Münster ou l’Asie en forme de Pégase par Heinrich Bünting. L’exposition s’achevait sur un cabinet d’art contemporain, une sélection d’artistes qui se sont approprié les codes de la carte. L’œuvre se fait l’écho d’un discours critique (Guy Debord), conserve la trace d’une intervention in situ (Dennis Oppenheim), questionne la notion de territoire (David Renaud), condense les manifestations d’une œuvre mémorielle (Vincent Chevillon), transcrit en un flux virtuel des données cartographiques (Claire Malrieux)… Gwénaël Citérin BNU de Strasbourg - Responsable scientifique des collections Arts et Iconographie gwenael.citerin@bnu.fr Cosmographie de Claude Ptolémée. Incunable publié par Lienhart Holl, Ulm, 1482. Collections de la Médiathèque protestante de Strasbourg. N°98 JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2020 Ar(abes)ques 23 © Jean-Pierre Rosenkranz/Bnu



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