( Dossier… Y A-T-IL UN BIBLIOTHÉCAIRE DANS LA SALLE ? VERS DE NOUVELLES LÉGITIMITÉS ) La lutte contre les « fake news » n’est, pour le bibliothécaire, qu’une autre forme de formation à l’évaluation de l’information. Les bibliothécaires sont-ils des acteurs r légitimes dans la lutte contre les fake news ? 14 Ar (abes)ques N°97 AVRIL - MAI - JUIN 2020 Rendue possible par le mensonge savamment distillé aux électeurs selon leur comportement en ligne, la Présidence Trump aura eu pour seul avantage de faire avancer considérablement la recherche en sciences de l’information et les bibliothèques sur l’enseignement de l’évaluation de l’information aux États-Unis. Dans la profusion de textes écrits après novembre 2016, tous s’accordent sur l’idée que les fake news sont un « mal du siècle » contre lequel les bibliothécaires ont vocation à s’engager. Sur ce point, si la question des moyens se pose, ce n’est pas le cas de la légitimité en tant que bibliothécaire à intervenir dans ce champ. Comment, en effet, ne pas voir des deux côtés de l’Atlantique la question des fake news comme un prolongement de celle de « l’évaluation de l’information » qui apparaît depuis les années 90 dans le corpus des enseignements délivrés par les formateurs en bibliothèque. Le sésame « fake news » permet donc de donner un nouveau lustre à ces apprentissages, même si l’objet a un peu changé au passage. À l’origine, en effet, les efforts se focalisaient sur la notion d’autorité et la spécificité du texte scientifique - ou comment permettre aux étudiants de mieux le distinguer d’une information vulgarisée. Dans un premier temps, il a fallu persuader l’université que la légitimité fondée sur une abondance de sources valides pouvait valoir celle d’un auteur reconnu dans sa discipline. Restaurer l’image de Wikipédia en l’abordant dans nos cours est assurément utile, puisque grâce à la communauté qui la maintient (dont celle des bibliothécaires avec #1Lib1Ref), l’encyclopédie s’est révélée moins perméable aux fausses informations que les réseaux sociaux où le public va de plus en plus s’informer. Désormais, les bibliothécaires sont conduits à traiter également la manière dont la science, vraie ou fausse, est véhiculée sur ces mêmes réseaux. La « science comme conversation 1 » implique aussi d’aborder les prolongements de celle-ci sur Twitter ou les pages Discussion de Wikipédia. SOURCER À PARTIR DU WEB : NOUVELLES COMPÉTENCES À INTÉGRER DANS LE CORPUS Les référentiels qui encadrent les activités de formateur (ACRL, ADBU) définissent des compétences (« knowledge practice ») et des habitus (« dispositions » 2 ). Au rang des premières, on peut trouver certaines méthodes empruntées au journalisme, par exemple le fait de mesurer davantage la fiabilité d’un site à ce qu’en disent d’autres sites connus plutôt qu’à un design académique facile à contrefaire ou à une page de présentation simple à « bidonner ». Dans le même ordre d’idée, la recherche inverse d’images avec Tineye 3 permet de trouver les premières publications d’une photo, jusque dans les silos d’Internet Archive 4 , et de retrouver son contexte initial. Une photo peut d’ailleurs être soumise à une |