( Dossier… Y A-T-IL UN BIBLIOTHÉCAIRE DANS LA SALLE ? VERS DE NOUVELLES LÉGITIMITÉS ) Bibliothécaire dans la salle… et hors les murs ! [1] Publiée en janvier 2019, cette étude est disponible : https://www.enseignementsuprecherche.gouv.fr/ cid138319/le-pilotage-dela-documentation- dans-lagouvernance-des-universites. html [2] Loi n° 2007-1199 du 10 août 2007. [3] Le service documentaire représente généralement le plus gros contingent en agents BIATSS (« bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniciens, de service et de santé ») au sein de l’université. [4] Le « Référentiel de l’encadrement supérieur de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation » est publié depuis l’automne 2017 sous forme de fascicules par la Mission de la politique de l’encadrement supérieur (MPES) rattachée au secrétariat général mutualisé des deux ministères en question. Les référentiels par fonction sont élaborés avec, notamment, la Conférence des présidents d’université (CPU) et les associations professionnelles concernées : https://services.dgesip.fr/ T976/S828/ressources_ humaines#referentiels_ metiers 12 Ar (abes)ques N°97 AVRIL - MAI - JUIN 2020 Œuvrant dans des services aux activités multiformes, les bibliothécaires doivent devenir toujours plus incontournables dans la vie de l’université. bBeaucoup de services documentaires dans l’enseignement supérieur exercent aujourd’hui une activité multiforme, explorant les différents champs que leur ont ouverts les décrets de 1985 puis de 2011 relatifs aux services communs de la documentation (SCD) des universités et développant et approfondissant pour ce faire des expertises variées qui traduisent une évolution profonde des métiers. DES ACTEURS MAJEURS ET DES LIEUX DE VIE ESSENTIELS Outre l’appui documentaire traditionnel, ces services sont présents dans le domaine de la formation par l’apprentissage, souvent innovant, des compétences informationnelles, mais aussi par l’aménagement d’espaces de travail collaboratif adaptés aux nouvelles méthodes d’enseignement et aux nouvelles pratiques d’étude ; dans le domaine de la recherche, pour le soutien de laquelle nombre de services documentaires mettent en place des équipes dédiées, du type « services aux chercheurs », dans le contexte évolutif et extensible de ce que l’on appelle désormais la « science ouverte », avec en particulier la gestion, la diffusion et la valorisation de la production scientifique de l’université. Sur le volet – naturellement transversal – du numérique, qui n’a pas peu contribué à les mettre au centre du jeu, les bibliothèques constituent des acteurs majeurs du développement des ressources documentaires (acquises ou produites), de la diffusion des usages et des formations correspondantes. Elles sont en outre des lieux de vie essentiels sur les campus, davantage ouvertes et gagnant en confort et en attractivité, et mettent souvent en œuvre une politique d’action culturelle. Certains services documentaires s’occupent également d’édition, sous forme matérielle ou virtuelle. Cette poly-activité, dont les séances des conseils documentaires notamment se font l’écho, ainsi que les multiples partenariats, internes ou externes aux établissements, qui vont de pair, ont accru la visibilité des services documentaires. Ont-ils pour autant suffisamment modifié l’image, la perception de ceux qui en sont les acteurs, les bibliothécaires ? Il existe encore, dans un certain nombre (voire un nombre certain) d’établissements, un hiatus entre la place du SCD dans la vie et les activités de l’université et la place faite à ses agents et pour commencer à son directeur ou à sa directrice. Inviter ce dernier ou cette dernière, ou le cas échéant son représentant, dans les conseils, commissions, comités de pilotage, comités techniques, groupes de travail et autre dialogue de gestion, n’est manifestement pas toujours un réflexe, comme l’a confirmé l’enquête menée en 2018 par l’Inspection générale des bibliothèques (IGB) auprès des responsables des services documentaires dans le cadre de l’étude sur « Le pilotage de la documentation dans la gouvernance des universités » 1 . Certes, depuis le passage des établissements à l’autonomie et aux Responsabilités et compétences élargies (RCE) suite à la loi relative aux libertés et responsabilités des universités 2 , le service documentaire est rentré dans le droit commun des entités qui composent l’université. Toutefois, il se distingue toujours par divers traits. Ainsi, une majorité de ses personnels appartient à une filière spécifique, la filière Bibliothèques. Son activité comporte deux volets, que le responsable se doit de cultiver également. D’une part, la dimension gestionnaire : le directeur du service est l’un des principaux cadres de l’université, à la tête de locaux, d’équipements, de moyens humains 3 et financiers conséquents, et devrait donc être considéré comme faisant partie de l’encadrement supérieur, ce que traduirait l’élaboration (souhaitable) d’un référentiel consacré à cette fonction dans la collection publiée par les ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur et de l’innovation 4 . D’autre part, la dimension scientifique. Les conservateurs sont du reste des agents BIATSS singuliers qui, en tant que « personnels scientifiques », votent dans le collège des « Autres enseignants-chercheurs, enseignants et personnels assimilés » pour les élections aux conseils centraux de l’université. SINGULARITÉ DU SERVICE DOCUMENTAIRE Dans ce contexte de singularité du service documentaire, l’étude de l’IGB a notamment cherché à définir le meilleur positionnement, la meilleure place dans l’organigramme, pour que ce service soit le plus aisément et efficacement impliqué dans la mise en œuvre du projet stratégique de l’université, sur lequel doit s’appuyer un document de politique |