( Dossier… Y A-T-IL UN BIBLIOTHÉCAIRE DANS LA SALLE ? VERS DE NOUVELLES LÉGITIMITÉS ) Le contexte mouvant dans lequel évoluent les bibliothèques depuis le début du XXI e siècle semble propice pour envisager une approche plus dynamique du métier. L’étude des référentiels métiers est, dans cette perspective, féconde, et permet d’esquisser des pistes de réflexion pour l’élaboration de nouveaux outils plus opérants. Vers une rénovation des référentiels métiers ? [1] www.enseignementsuprecherche.gouv.fr/cid106062/ referens-le-referentiel- 2016-des-emplois-typesde-la-recherche-et-de-lenseignement-superieur.html [2] Noëmie Rosemberg, La gestion des compétences en bibliothèque une approche par les référentiels métiers, Villeurbanne, Enssib, 2019, www.enssib.fr/ bibliotheque-numerique/ documents/68852-lagestion-des-competences-enbibliotheque-une-approchepar-les-referentiels-metiers.pdf 10 Ar (abes)ques N°97 AVRIL - MAI - JUIN 2020 LES BIBLIOTHÉCAIRES DANS LES RÉFÉRENTIELS MÉTIERS Combinant des activités et des compétences, souvent déclinées en savoirs, savoir-faire et savoir-être, les référentiels métiers sont un des outils de gestion de ressources humaines dans les organisations du secteur privé comme du secteur public. Les acteurs des ressources humaines s’appuient sur eux pour élaborer les plans de formation ou pour accompagner les salariés ou les agents dans des démarches d’évolution professionnelle. Dans la fonction publique, ces outils ont été conçus dans les années 2000 pour permettre aux cadres de s’engager dans des démarches de GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences). Les référentiels métiers sont également des dispositifs de communication et de promotion auprès du grand public et des futurs professionnels. Plus rarement, ils peuvent servir d’outil de recrutement, comme REFERENS 1 auquel s’adossent les concours de recrutement des personnels ingénieurs et techniques de recherche et de formation (ITRF) du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Enfin, dans les universités, les référentiels métiers sont utilisés dans les systèmes intégrés de gestion de ressources humaines, pour construire les fiches de poste. DES OUTILS UTILISÉS, RICHES, MAIS SOUVENT INADAPTÉS L’enquête d’usage des référentiels menée dans le cadre du mémoire sur La gestion des compétences en bibliothèque : une approche par les référentiels métiers 2 permet de dresser quelques constats sur l’appropriation de ces outils par les cadres de tous types de bibliothèque (territoriale, d’État, enseignement supérieur et culture). 90 % des personnes qui déclarent utiliser les référentiels (148 sur 175 répondants) s’appuient sur au moins deux référentiels, et 75 % en utilisent au moins trois. Aucun outil ne semble, seul, satisfaisant. Par ailleurs, si la rédaction des fiches de poste et des profils de recrutement apparaît comme l’usage majoritaire, les cadres ont recours aux référentiels métiers à diverses autres occasions, dont, notamment la (re)négociation de postes auprès de leurs tutelles. Le besoin de disposer d’un vocabulaire normalisé et commun est réel. De plus, l’analyse approfondie des référentiels au regard des évolutions récentes du métier est riche d’enseignements. Depuis une vingtaine d’années, au nombre de ces (r)évolutions du métier, la littérature professionnelle relève : le désormais incontournable recours au numérique dans tous les domaines d’intervention du bibliothécaire ; le développement des activités de médiation, à la faveur d’une baisse des opérations liées aux collections (équipement externalisé, automatisation des transactions) ; l’accroissement des tâches liées au management ; la meilleure prise en compte des soft skills ou savoir-être. Ces évolutions transparaissent de façon inégale dans les référentiels métiers et seule l’utilisation combinée des différents référentiels est réellement opérante, ce que semblent avoir bien saisi les cadres, comme le montrent les résultats de l’enquête. Enfin, l’étude d’exemples étrangers révèle une spécificité des référentiels français. En France, les référentiels métiers sont construits sur le modèle de l’emploi-type, quand les référentiels étrangers sont construits à partir de grands domaines d’activités qui peuvent être combinés selon les situations. Le modèle de l’emploi-type a de nombreuses vertus : il permet d’incarner les métiers, de faire des comparaisons entre structures ou établissements. Mais il a un défaut majeur : il est extrêmement figé. Or, la première qualité demandée à un référentiel par les répondants à l’enquête, c’est la souplesse ! En effet, dans les établissements, coexistent des profils d’expert et des profils polyvalents, des profils scientifiques, techniques et d’autres politiques, et l’emploi-type semble toujours très éloigné des réalités des terrains. RÉNOVER LES RÉFÉRENTIELS MÉTIERS : UN ÉVENTAIL DE POSSIBLES L’insatisfaction des cadres envers les référentiels métiers s’explique essentiellement par le fait qu’on leur en demande beaucoup trop. Les objectifs qui leur sont assignés sont nombreux, les publics visés hétérogènes. La nécessité d’instruments |