festivals 10 dans l’air ARLES OU AVIGNON ? Texte : Murielle Bachelier Comme chaque été, la carte de France des festivals propose une offre culturelle imposante et de choix. Parmi eux, deux rendez-vous affirment au fil des ans le mariage unique entre une ville et sa proposition artistique, sublimant art et architecture, avec chacun ses adeptes et ses inconditionnels. Et vous, cette année, vous serez plutôt Festival d’Avignon ou Rencontres d’Arles ? rédacteurs en chef des news les plus prestigieux… Ensuite, nous avons un public d’amateurs de photographie, mais qui ne sont pas forcément des spécialistes. Il n’y a donc pas un seul type de festivalier, mais plusieurs. Notre volonté, c’est d’ailleurs d’être capable de parler à ce public très large autour de la photographie, avec plusieurs niveaux de lecture ». Lucien Clergue, dont les clichés de nus féminins très esthétiques restent dans les mémoires, photographe activiste sans qui les Rencontres ne seraient rien, est mort l’hiver dernier à l’âge de 80 ans. L’édition 2015 est donc la première sans le père fondateur, et elle lui est dédiée. LL’un fête ses quarante-six ans de visions photographiques fortes quand l’autre est issu de la génération des baby-boomers de l’après-guerre et fête déjà ses soixante-huit étés brûlants sur les planches. Si Arles se donne corps et âme à la photographie pendant près de deux mois et demi, Avignon s’ouvre totalement et passionnément au théâtre durant trois semaines. Les deux manifestations peuvent se targuer de compter, dans leur spécialité artistique, parmi les plus importantes au monde par le nombre de créations, d’expositions et de visiteurs réunis. Comment sont apparues ces deux belles aventures culturelles ? Elles ont le point commun d’être nées de la fièvre d’un seul homme pour son art. Pour Arles, c’est la volonté de Lucien Clergue. Nous sommes dans les années 70, la ville subit de plein fouet la crise industrielle. Le photographe ne pouvait alors imaginer le formidable moteur qu’allait être son festival pour la bourgade camarguaise. Aujourd’hui, il est devenu l’un des temps forts de la photographie contemporaine en France et à l’international, avec une moyenne de 90 000 festivaliers par an. La première semaine est toujours consacrée aux visiteurs professionnels. Et là, d’après son tout nouveau directeur Sam Stourdzé, « c’est la crème de la crème qui vient des quatre coins du monde et qui se déplace pour les Rencontres, les directeurs des plus grands musées comme les La cour d’honneur du palais des Papes à Avignon, où les spectacles joués font toujours l’événement. Photo Christophe Raynaud de Lage/Festival d’Avignon Photo partout dans la ville D’années en années, ces Rencontres ont su prendre de l’ampleur, s’immisçant partout dans la ville, dans le moindre espace urbain, dans ses églises ou dans des lieux encore plus atypiques comme les anciennes halles en friche de la SNCF, QG du festival jusque-là et champ d’exposition rêvé, mais pour la dernière fois cette année. En effet, la mécène Maja Hoffmannvient d’acquérir le terrain pour y bâtir sa fondation Luma qui est en cours de réalisation. Tour hallucinante imaginée par l’architecte Franck Gehry, elle commence à s’élever dans le ciel arlésien et participera ainsi au décor de ces Rencontres 2015. Difficile d’imaginer à quel point l’image est partout à Arles pendant tout l’été. Car en plus des trente-cinq expositions officielles disséminées aux quatre coins de la cité camarguaise, c’est toute la ville et ses habitants qui offrent leurs visions de la photographie. Pour Nicolas, visiteur assidu, les vacances dont rythmées par cette effervescence culturelle. « La photo prend vraiment une place très importante, et se retrouve partout. Dans les hôtels, les cafés… Chacun dédie, à sa manière, son lieu à cet événement tant culturel qu’économique, c’est assez surprenant. Le festival procure aussi un sentiment de liberté. Comme les expositions sont omniprésentes, même dans des endroits où on ne s’y attend pas, libre à chacun d’aller où bon lui semble. » Parmi les grands temps forts cette année, et parmi les nouveautés qu’a voulu insuffler le jeune directeur des Rencontres afin de marquer son empreinte, l’accent a été mis sur des projets qui dialoguent avec d’autres disciplines artistiques. La photographie trouve ainsi des échos dans l’architecture, mais aussi le cinéma et la musique. À l’église des Frères-Prêcheurs par exemple, un parcours étonnant vous attend, fruit de la collaboration tout aussi inattendue entre le photographe anglais Martin Parr et le chanteur Matthieu Chedid. Une expérience visuelle et sonore à la limite 06/07/15 A NOUS |